Je dois dire que je suis attristé par le climat général de défiance, de stigmatisation des uns ou des autres, et par la décomplexion de discours extrêmes. Mon besoin d'appartenance n'est plus nourri tant je me sens étranger à ceux qui monopolisent la parole sans la moindre bienveillance.
La période actuelle, à maints égards, vient me questionner sur le sujet du discernement.
Je choisis volontairement d'aborder ce thème à travers un sujet d'actualité, brûlant, celui de la vaccination, avec pour objectif de ne surtout pas tomber dans la polémique.
Le paradoxe de la situation actuelle est que la liberté de choix accordée par le pouvoir politique est critiquée par celui-là même qui l'a instituée.
Nous pouvons comprendre qu'en l'absence d'éléments rationnels irréfutables, ou du moins suffisamment probants, le pouvoir ait choisi de ne pas légiférer en faveur de mesures obligatoires, mais alors comment peut-il légitimement reprocher aux citoyens d'user de la liberté de choix qu'il leur accorde ?
Force est de constater l'absence de discernement au niveau du pouvoir (mais aussi des médias et d'une majorité de commentateurs sur les réseaux sociaux) à minima au sens juridique du terme, c'est à dire la capacité de distinguer les actes autorisés des actes interdits.
Je laisse volontairement de côté l'hypothèse d'un manque de courage politique en raison d'échéances électorales qui consisterait à scier la branche de la confiance sur laquelle l’autorité politique est assise.
Je vois deux éléments susceptibles d'expliquer, au moins en partie, cette situation ubuesque, que sont la gestion des émotions et la gestion de l'information sous contrainte d'incertitude.
Je commencerais par évoquer la communication non violente, telle qu'élaborée par Marshall Rosenberg, qui invite chacune et chacun à être attentif à ce qui est vivant en soi, pensées, émotions et besoins notamment. Cette discipline permet de comprendre la mécanique qui s'active dans les relations aux autres. Face à un stimulus, une pensée ou une croyances ou un jugement vient activer une émotion en réponse à un besoin profond assouvi ou non. Par exemple, le besoin de sécurité peut activer de la peur face à un risque de contamination et de la colère vis-à-vis d'une cible jugée responsable. Mais il y a fort à parier que celles ou ceux qui sont visées par la colère réagissent aussi avec véhémence (au lieu de se raisonner comme cela pourrait être attendu), engendrant ainsi un climat de tension et de surenchère. Au delà de la compréhension de cette mécanique, chacune et chacun est invité à interroger ses jugements et croyances, à sortir du mode binaire et à reprendre la responsabilité de ses propres choix en faisant le deuil de ce à quoi il ou elle dit non quand il ou elle dit oui à autre chose.
Venons-en au deuxième point sur la représentation du monde et les biais cognitifs qui altèrent notre perception du réel particulièrement en situation d'incertitude.
Nous savons, cela a été largement documenté dans les publications scientifiques et étudié en psychologie et en philosophie, que notre perception du réel est incomplète. Il y a une part du réel qui est invisible (ce qui est hors de nos capacités de perception), une part visible mais inconnue (ce que nous ne savons pas expliquer), une part connue mais ignorée (ce que notre cerveau ne juge pas pertinent et omet), une part perçue mais interprétée (et donc déformée en partie) et enfin une par perçue telle qu'elle est. Cela fait beaucoup d'occasions de fonder nos actions ou réactions sur des bases erronées. Pour creuser un peu ce dernier point, je vous renvoie à mon post précédent "savons nous ce que nous ignorons".
Je fais l’expérience dans ma vie que pour vivre avec les incertitudes qui entourent de plus en plus notre quotidien et l'avenir, je travaille à porter mon attention à ce qui se passe en moi, sur ce que ma perception me cache, et j'essaie de revenir avec humilité vers plus de nuance et de discernement. C'est un chemin d'intériorité qui passe par une écoute empathique, de soi et des autres, pour découvrir ce qui est en je(u) quand je m'exprime et quand j'agis.
Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez pour vous-même ou pour les membres de votre organisation développer des compétences en écoute empathique, je vous invite à me contacter.